Maingalarpar,
Oula, nous avons failli à tous nos devoirs. Ça fait tellement longtemps qu’on vous a envoyé une newsletter… Mais nous voilà enfin au Myanmar ! (enfin en tout cas virtuellement) Nous ne sommes pas arrivés sans peine, mais finalement, la solution de l’avion est souvent la meilleure même si elle est toujours la plus onéreuse. Nous avons donc atterri à Yangon (anciennement Rangoon) et nous avons directement été plongés dans la mixité et le dynamisme de la capitale. Voitures d’un autre temps, publicités géantes qui promeuvent de nouveaux forfaits 3G, pagodes dorées et temples hindouistes, Yangon nous a surpris par ses habitants aux diverses origines, savamment métissée par sa géographie entre l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Nous avons commencé notre visite par le Yangon d’autrefois, au temps de l’époque coloniale britannique avec ses grands bâtiments maintenant un peu décrépis et nous avons découvert la Birmanie d’aujourd’hui, adoratrice de ses idoles de Bouddhas et qui a envie de rattraper les années perdues en prenant le pas du capitalisme à l’asiatique. L’un des plus surprenants endroits que nous avons eu l’occasion de voir en Asie du Sud-Est est la pagode Shwedagon à Yangon. Ce lieu saint bouddhiste est le premier centre religieux de Birmanie car selon la légende, il contient des reliques de quatre anciens Bouddhas, dont huit cheveux du Bouddha Gautama. D’une hauteur de 98 mètres, le stupa entièrement fait de briques rouges est doré à la feuille d’or à la base et puis est serti de plaques d’or massif.
Au coeur de Yangon, entre anciens bâtiments coloniaux britanniques, mosquées et temples bouddhistes, les Birmans sont friands de littérature et de bonnes pâtisseries.
Vue sur la pagode Shwedagon, détail de tissus au marché, une famille birmane qui vient allumer des bougies à la pagode, un immeuble décrépit au centre de Yangon, deux jeunes moines qui viennent quémander à manger.
Un samedi soir à la pagode Shwedagon, des centaines de croyants se sont réunis.
Après l’ancienne capitale, récemment remplacée par la fantomatique Naypyidaw, nous avons pris un bus et traversé de bien pauvres campagnes pour aller jusqu’à Kyaiktiyo. Il s’agit en fait d’un grand rocher qui tient miraculeusement sur la crète d’une montagne. Coiffé d’un petit stûpa, c’est le deuxième lieu de culte du bouddhisme birman. Les pèlerins, qui montent en haut de la montagne en camion mais qui continuent ensuite le chemin pieds nus, recouvrent de feuilles d’or ce monolithe. Selon la tradition, le rocher aurait été placé à cet endroit par deux nats (ou esprits) il y a 2 500 ans. Il ne tiendrait que par un fil, un des cheveux du Bouddha. Les femmes n’ont le droit ni de le toucher, ni de s’en approcher car considérées comme impures dans la religion bouddhique mais elles peuvent venir déposer des offrandes et prier.
Le Rocher d’Or où les fidèles viennent prier, déposer des offrandes et ajouter une feuille d’or sur le rocher. Une jeune femme avec du thanaka sur le visage, le produit de beauté préféré des Birmanes. Un ensemble de brochettes et des cloches ajoutées par les croyants sur le monument.
Nous avons quitté le sud de la Birmanie pour nous diriger vers son centre et plus spécialement à Kalaw, après une courte escale dans la ville chaotique de Bago. Dans la charmante ville d’altitude de Kalaw, nous avons profité de sa fraicheur et de sa jolie architecture traditionnelle. N’étant pas d’attaque pour faire la randonnée de trois jours et de 70km jusqu’au lac Inlé, nous avons préféré faire un trek d’une journée dans les montagnes avoisinantes. Nous avons pu découvrir des paysages uniques au monde. Sans aucune véritable route alentours et coupé du monde, nous sommes encerclés par de hautes montagnes dans des camaïeux de verts. Perdus dans les plantations de thé et d’oranges, c’est une région où vivent différentes tribus qui a chacune leur propre langage. Les 23 km de marche sur des petites pistes boueuses étaient le prix à payer s’extasier à chaque nouveau paysage.
Trek au milieu de la nature birmane qui nous a offert des paysages somptueux et des rencontres inattendues avec des enfants d’un village ou un animal surprenant.
Rayon de soleil qui illumine une petite partie de la montagne, thé réalisé sur place par les habitants du villages à déguster avec des petits bonbons de sève, vue sur le village à thé où nous avons fait une pause et la pagode argentée de la petite ville de Kalaw.
D’éblouissement en émerveillement, nous nous sommes ensuite dirigés vers le lac Inlé avec nos amis canadiens David et Mary, deux intrépides baroudeurs qui à la retraite continuent de faire les 400 coups. Il faut dire que le lac Inlé est touristique, nous ne pourrons pas le nier. Il y a d’ailleurs de faux pêcheurs qui posent pour les touristes (en échange d’un petit billet). Cependant, ce lac entouré de montagnes et à 800 mètres d’altitude est une bouffée d’air frais. Nous avons pu aller à un marché itinérant qui était au départ très touristique puis très local une fois qu’on est entré dans le vrai marché. Les gens portent les tenues de leurs ethnies, et offrent un panel de couleurs impressionnant.
Fruits et légumes, vêtements, biscuits, chapeaux de paille, cochons vivants… On trouve de tout dans ce marché. En bateau, nous avons ensuite fait le détour par une fabrique d’écharpes en soie et en lotus, des forgerons d’or et d’argent et une pagode où résident cinq petites boules d’or qui sont en fait des statues antiques de Bouddhas sacrées tellement dorées par les fidèles, qu’elles sont devenues des boules ! Nous avons terminé cette balade sous la pluie mais avec pour cadeau, un magnifique double arc-en-ciel tellement intense qu’on ne voyait que lui. Mais le bateau n’est pas le seul moyen de découvrir le lac puisque le lendemain, nous avons pris des vélos et le spectacle était encore plus saisissant avec cette lumière si spéciale au lac Inlé.
Une maison bleue accrochée sur le lac Inlé et entourée de jardins flottants, des fleurs de lotus roses ramassées sur le lac, une marchande Shan qui attend son prochain client, un petit moine qui rentre au monastère et quelques stupas parmi les milliers que compte la pagode Shwe Indein.
Après le magnifique lac Inlé, rien de tel que de continuer par ce qui nous semble être l’une des nouvelles merveilles du monde : Bagan ! Du IXème siècle au XIIIème siècle, ce vaste vaste site archéologique bouddhique a été la capitale du royaume de Pagan, le premier empire birman. Dès le premier jour, nous avions décidé de voir un de ses levers de soleil qui nous faisait tant rêver mais la fin de la saison des pluies apporte toujours son lot de nuages le matin et le soir. Cependant, le site est assez exceptionnel en lui-même et nous avons passé les quatre jours à explorer les temples grâce à nos motos électriques.
Les meilleurs moments étaient ceux où nous étions perdus dans les champs en suivant juste une petite piste, et là nous tombions sur un ensemble de stupas. Il est parfois même possible de monter dessus et c’est là que la magie fonctionne. Quand on est seul, à la hauteur des toits des stupas alentours, avec simplement des champs de millets à perte vue entrecoupés par des milliers d’autres stupas… On ne peut qu’en avoir le souffle coupé. Si vous avez l’occasion d’y aller, sauter dessus. SI vous ne l’avez pas, créez-la car un endroit comme ça est à voir une fois dans sa vie.
Coucher de soleil sur les temples de Bagan, la pagode Shwesandaw, un Bouddha doré à l’intérieur d’un temple, une marchande de fleurs au marché de Nyaung-U, vue sur le temple de Thatbyinnyu.
Quatres moines en robe safran, une Birmane qui applique du Thanaka sur le visage d’Eva, l’imposant temple d’Ananda en reconstruction après le tremblement de terre d’août 2016, vue sur les temples de Bagan et les montagnes, un Bouddha doré.
Notre séjour birman s’est terminé dans la deuxième grande ville du pays : Mandalay, qui ne pouvait qu’être décevante après Bagan… La ville est extrêmement sale, non organisée et il est même difficile de trouver un bon restaurant le soir tombé. Tellement que nous avons mangé trois fois au même endroit. Nous y avons quand même vu le plus grand livre du monde dans la
pagode Kuthodaw, un monastère fait tout en bois de teck, un palais royal reconstitué après avoir été détruit par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, un marché au jade toujours authentique et la pagode Mahamuni renfermant un Bouddha rapporté du royaume d’Arakan après une guerre et dont le visage est lavé tous les matins par les moines.
Palais Royal reconstruit à Mandalay, monastère en bois de teck et sculpture sur une des portes, jade détaillé en morceaux grossiers au marché de jade, et Bouddah doré de la Mahamuni et trois moines de retour au monastère.
COUP DE COEUR
Nous aurions pu faire ce coup de cœur sur Bagan ou le lac Inlé, mais finalement, ce qui nous restera en tête de ce voyage, ce sont les paysages. Le Myanmar est un pays immense dont les touristes n’ont accès qu’aux régions les plus centrales, mais le peu qu’on a vu nous a donné un bon aperçu de la fabuleuse diversité des paysages birmans : les terres arides de la plaine de Bagan, les montagnes vertes de plantations de thé à Kalaw, le lac Inlé en altitude… Cela donne envie d’en découvrir encore plus. Nous avons d’ailleurs appris que la chaine de l’Himalaya se termine au Myanmar avec des sommets qui touchent presque toujours les nuages.
Double arc-en-ciel sur le lac Inlé, vue sur les montagnes près de Kalaw, Shwedagon aperçue de loin, rayons de lumière sur le lac Inlé et la plaine arride de Bagan où des fumées s’élèvent quand le jour s’achève.
NOS IMPRESSIONS
Au Myanmar, nous avons eu l’impression d’arriver un pays à moitié indien, à moitié asiatique. Quand nous sommes arrivés, nous avions bien en tête que le pays a été fermé pendant 60 ans par la junte militaire et que les étrangers étaient pratiquement interdits de territoire (avec des visas au maximum pour une semaine), mais nous ne nous attendions pas à trouver une communauté indienne omniprésente. C’est surtout le cas de Yangon qui, quand elle était la capitale de la colonie britannique, a été la ville de prédilection des indiens venus pour prendre les postes de faibles responsabilités du pays pendant que les anglais occupaient les postes de haut rang. Etonnamment, nous pensions que le Myanmar est un pays pauvre… En effet, ses habitants ont été appauvris par des années d’austérité gouvernementale. Mais en voyant les pagodes dorées fleurir dans les villes et les campagnes, nous ne pouvons que croire le contraire. Chacun des éléments sacrés est recouvert minutieusement par les croyants de feuilles d’or, lui-même issu du fleuve Irrawaddy.
Il y a aussi de très nombreuses pierres précieuses : le hti (flèche) de la pagode Shwedagon est par exemple incrusté d’une émeraude de 76 carats. La richesse des Birmans se trouvent aussi dans leur douceur. C’est une façon de vivre que nous avons retrouvé tout au long de notre parcours en Asie du Sud-Est mais les Birmans sont particulièrement aimables et attentionnés. Même si de prime abord, certains ont pu être déconcerté par notre venue dans leur pays, il suffisait de dire “Maingalarpar”, c’est-à-dire bonjour, pour que tout de suite un sourire vienne ensoleiller leur visage. Vous l’avez compris, nous avons adoré le Myanmar avec ces magnifiques paysages. D’un côté, nous aurions aimé plus d’authenticité, car le tourisme de masse arrive très vite même sur les terres les plus excentrées. Et d’un autre, nous aurions voulu en voir plus et aller découvrir les dernières terres du massif himalayen ou faire un tour sur les terres des Rohingya, un peuple à la fois mongol, turc et bengali qui est aujourd’hui persécuté par une partie de birmans bouddhistes.
ANECDOTE DE LA SEMAINE
Le voyage au Myanmar s’est terminé par un aller express à Bangkok pour me faire soigner… Le Myanmar ne comptant pas les meilleurs hôpitaux d’Asie du Sud Est, il est souvent nécessaire de se déplacer jusqu’à la capitale thaïe pour trouver un bon médecin et de bons médicaments (qui ne sont pas contrefaits). Après trois jours de fièvre, nous avons alors avancé d’un jour notre déplacement à Bangkok pour profiter de l’hôpital Bumrungrad qui m’a permis de vite soigner la bronchite aiguë attrapée dans un bus birman. On ne reste qu’un jour à Bangkok et on ressaute dans un avion, direction la Malaisie !
Quelques infos sur la Thaïlande
Monarchie constitutionnelle & dictature militaire
Devise nationale : L’unité du peuple fait le succès et la prospérité.
67,9 millions d’habitants
95% de la population est bouddhiste
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